L’UX en méthode agile : quid du sprint 0 ?

Published on the 10 février 2018
L’UX en méthode agile : 1 sprint d'avance ?

Dans un précédent article, j’avais évoqué le sujet du calendrier de l’intervention de l’UX dans le cadre d’une méthode agile, et comparé deux alternatives : avec un sprint d’avance, ou dans le même sprint que le reste de l’équipe projet. Les deux solutions présentent des avantages et des inconvénients, mais je garde une préférence pour le sprint d’avance, à condition de mettre en place un cadre de synchronisation avec l’équipe (dont des ateliers de refinement à mi-sprint.)

Sur le même sujet, une autre question me semble importante et émerge de mes expériences récentes : quid du sprint 0 ? En d’autres termes, la réflexion UX doit-elle commencer au jour 1 du sprint 1, et se lancer de la même ligne de départ que le reste de l’équipe projet ?

Une réflexion en amont

L’expérience utilisateur dépasse les limites d’un produit, et se situe plutôt au niveau d’un écosystème de points de contact. Les points de contact d’une entreprise avec ses utilisateurs se situent quant à eux dans un environnement de produits concurrents ou complémentaires, et dans un contexte spatio-temporel spécifique en fonction de son marché, ses utilisateurs, etc. Il parait illusoire de travailler l’UX en mode « bulle d’isolement », sans analyser au préalable la concurrence (benchmark), les utilisateurs ou les clients (personas, use cases, customer journeys), etc. Sans compter que certains domaines très spécifiques peuvent demander une analyse métier plus poussée (une application bancaire par exemple.)

Les principes fondamentaux

Le sprint 0 (ou la phase d’inception) aboutit à la définition de concepts généraux, qui serviront de socle au développement du produit, et ce tant au niveau UX que pour tous les métiers impliqués dans le projet : définition de la technologie, de l’architecture de données, de la charte graphique, du type de produit (application native, hybride, site Internet, responsive, etc.), de l’architecture de l’information, la navigation, etc.

Sans sprint 0, on risque fort de démarrer à l’aveugle, et devoir remettre en cause par la suite des décisions centrales, impliquant alors une perte de temps, avec des risques forts sur le produit livrable, la qualité, l’évolutivité du produit, sans oublier la motivation des troupes.

Aider à évaluer / planifier

Une fois certains concepts de base réfléchis, même si la décision n’est jamais finale, et communiquée entre tous les acteurs du projet, il devient beaucoup plus facile d’estimer le travail à faire, de découper et planifier. Avec un sprint 0, de préparation, et une coordination entre les spécialistes de chaque corps, chaque membre de l’équipe projet est en mesure de commencer le sprint 1 avec le recul nécessaire, et une idée plus ou moins claire des défis, des possibilités et des difficultés qui se présenteront.

En conclusion

Le sprint 0 n’est pas seulement un nice-to-have, et ne concerne pas seulement l’UX : avant de se lancer dans le développement itératif, il me parait essentiel d’accorder un temps de préparation à tous les métiers impliqués dans le projet : UX, designer, développeurs, etc. Cette réflexion préalable peut prendre la forme d’ateliers, de brainstormings ou d’un sprint sans livrable fonctionnel, et aboutit à la définition concertée des principes fondamentaux du produit, tant techniques que UX ou graphiques, avec pour conséquence une diminution des risques, une meilleure anticipation des difficultés et une meilleure coordination.

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Marie Kuter

Marie Kuter, UX designer

Marie est consultante UX à Genève, en Suisse Romande. Elle accompagne les entreprises dans la conception et l'optimisation de leurs interfaces digitales.

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